Avant / Après Covid-19 : quel impact constaté sur l’immobilier et le BTP ?
Immobilier et BTP sont deux secteurs qui auront été impactés par la crise sanitaire. Le Covid-19 a changé les habitudes de vie un peu partout dans le monde. En France, le confinement de mars 2020 a incité certains à déménager pour ne plus risquer de se retrouver une nouvelle fois cloîtré dans un appartement sans jardin. Si tout a été brutalement mis à l’arrêt, le déconfinement a ensuite fait repartir un peu l’économie mais l’activité reste encore trop faible même si elle s’est un peu différenciée, que ce soit dans le secteur de l’immobilier ou dans celui du BTP. Quels sont les changements constatés en 2021 dans ces deux secteurs et quels sont les perspectives d’avenir ? Eléments de réponses.
Immobilier : Avant/Après Covid-19, l’état des lieux
Avant : déjà un ralenti fin 2019
Fin 2019, avant l’arrivée de la pandémie, le marché de l’immobilier a connu un certain ralentissement. Celui-ci était dû en particulier au durcissement pratiqué sur les conditions d’octroi de crédit.
L’économie n’étant pas à son mieux, les Français étaient par ailleurs plus frileux ce qui occasionnait également un ralentissement sur les achats de biens immobiliers.
Pendant : statu quo
L’arrivée brutale de ce virus appelé Covid-19 et dont on ignorait tout, impliquant le confinement généralisé et l’arrêt de toutes les activités, a inévitablement impacté le secteur de l’immobilier pendant près d’un mois. Un peu plus d’ailleurs, si l’on considère que le retour à la normalité a repris très doucement et que les agences immobilières ont été pénalisées en ne pouvant pas immédiatement reprendre les visites des biens immobiliers.
Les chantiers de construction pour l’immobilier neuf sont également restés à l’arrêt. Heureusement pour le secteur de l’immobilier, le deuxième confinement s’est avéré moins pénalisant permettant de laisser plus de marge de manœuvre pour signer des compromis et des actes de ventes, pouvoir se rendre sur les lieux pour visiter dans le respect des gestes barrières et faire l’état des lieux. Du coup, les prix se sont stabilisés, notamment dans 10 des plus grandes villes.
Qu’est-ce qui a définitivement changé dans l’immobilier ?
Ce mieux dans le secteur et ces signes encourageants ne doivent pas faire oublier que la situation de l’avant Covid-19 n’est pas revenue. On a pu assister d’ailleurs à un changement des besoins des acheteurs lié directement à cette pandémie.
Un temps de réflexion a été suscité dès le premier confinement. Rester dans un appartement sans espace, confinés sans pouvoir sortir dans un jardin a poussé certains foyer à revoir leur mode de vie. Certains ont même plaqué un appartement de la capitale pour aller s’installer dans une petite maison avec jardin en province. Cela est d’autant plus facile, si les personnes peuvent télétravailler et n’ont besoin de se rendre à leur lieu de travail qu’une fois ou deux par semaine. La vie culturelle étant en berne sur la capitale, pourquoi ne pas réévaluer ses besoins en allant profiter des activités de plein air, ou se rapprocher de la mer ?
La qualité de vie du grand air, une maison plus grande (les prix sont souvent plus abordables en province comparé à Paris intramuros) ont, pour beaucoup fait penché la balance vers le déménagement. Les Français veulent changer de mode de vie et gagner en qualité de vie, pouvoir jardiner et cultiver leurs propres légumes (95 % d’entre eux selon un sondage mené pour le réseau de mandataire iad). Ils veulent aussi avoir leur espace de travail aménagé chez eux (39 %) et la possibilité d’un espace réservé au bricolage (25 %).
Si tout le monde ne peut pas forcément partir en province, il est toujours possible de trouver une meilleure qualité de vie dans certaines agglomérations de la banlieue parisienne (exemple : vallée de Chevreuse, Yvelines, Seine et Marne).
Et qu’en est-il des projets d’avenir ?
Le changement est également visible et mis en évidence par le dernier indicateur Drimki/BVA relatif aux projets immobiliers. Ce sont d’abord les plus jeunes qui ont des projets immobiliers. Viennent ensuite les foyers ayant une situation professionnelle stable, voire privilégiée.
Il y a aussi des projets d’investissement locatifs avec l’envie d’acheter un bien pour le mettre en location et générer ainsi un revenu sur le long terme (peut-être permettre ainsi d’avoir toujours une rentrée d’argent en cas de coup dur professionnel ?).
Toutefois, il ne faudrait pas trop vite se réjouir de ces signes avant-coureurs car la crise risque de laisser des séquelles et notamment une hausse importante du chômage qui risque de se déclarer dans les mois à venir et dont on anticipe la venue avec la fermeture des commerces, la perte d’emploi des employés de la restauration, la fermeture programmée de certaines grandes enseignes avec des licenciements massifs à la clé… A ceci pourrait s’ajouter un nouveau durcissement de l’accès au crédit (les agents immobiliers à Paris constatent que le taux de refus pour les crédits serait déjà passé de 10 % à 15 % en une seule année !).
Le fléchissement des prix de l’immobilier qui a certes été constaté depuis 2019 puis 2020 et jusqu’à aujourd’hui à Paris avait, soulignons-le été précédé par un ralentissement dans les demandes d’achat immobilier. Le directeur d’une agence immobilière du 9ème arrondissement, Monsieur Paul Baron, soulignait d’ailleurs : « Il y a généralement un délai de douze à dix-huit mois entre la chute des ventes et celle des prix, le temps que les vendeurs s’habituent à l’idée de réviser leurs prétentions. Pas cette fois, où le réajustement est plus rapide ».
Si l’on observe un coup de frein sur les prix de l’immobilier à Paris, il n’en va pas de même sur le reste de la région Ile-de-France, alors que les autres années, la même impulsion connue à Paris pouvait s’observer en RP. Il faut dire que l’élan vers la banlieue et les départements d’IDF plus verts a accru la demande et il n’est donc pas bienvenu de baisser les prix pour les vendeurs de biens de ces zones.
BTP : Avant/Après Covid-19, l’état des lieux
Avant et pendant le Covid-19
Si l’on a coutume de dire que « quand le bâtiment va, tout va », on a pu observer des changements importants.
Avant le Covid-19 et en fin d’année 2019, la crise globale avait déjà ralenti la demande de travaux, mais les projets de grands chantiers en cours (Grand Paris, préparation d’infrastructures pour les prochains JO de 2024) ainsi que les grands projets de construction et de rénovation liés à l’amélioration énergétique, avaient permis au secteur de tirer son épingle du jeu.
Pendant le Covid-19 et à l’annonce du premier confinement, la mise à l’arrêt des chantiers en cours à entrainé de nombreux problèmes de logistique (suivi des délais, réception des matériaux, problème de main d’œuvre, etc).
Tandis que le désarroi touche l’ensemble de la profession, les syndicats et les architectes, l’Etat demande le 18 mars aux entreprise de BTP de poursuivre leurs activités alors que nombre d’entre ces entreprises de construction décident une mise à l’arrêt.
Le 21 mars un accord est finalement signé entre le Gouvernement et les organisations professionnelles du Bâtiment et des Travaux Publics. Cet accord stipule que, les chantiers peuvent reprendre à condition que les conditions sanitaires le permettent. Mais les mesures n’étant pas clairement spécifiées, certaines entreprises décident de ne pas prendre le risque de la reprise.
Le 27 mars, l’Etat évoque la construction de 50 000 nouveaux logements après la crise pour relancer le secteur et le 2 avril est publié le guide des conditions sanitaires émis par l’OPPBTP qui décrit en détail les gestes sanitaires à adopter sur tous les chantiers. Il y a cependant un bémol car ces conditions jugées trop strictes, empêchent certains chantiers de pouvoir se poursuivre.
Les dépanneurs s’organisent cependant vers le 6 avril pour les déplacements et interventions d’urgence (chauffage, électricité, ECS).
Après Covid-19 : un horizon un peu incertain
Si le Gouvernement a introduit dans son Plan de Relance des programmes pour inciter de nombreux foyers à faire des travaux de rénovation énergétique, il ne faut pas oublier que l’arrêt des activités lors du confinement de mars 2020 et une reprise plutôt par à-coups ne simplifie pas la reprise rapide du secteur. Le gros œuvre doit aussi subir les retards liés aux permis de construire qui n’ont pas pu se faire pendant trois mois.
La Fédération Française du Bâtiment soulignait déjà le 17 février dernier qu’il y a eu une chute des permis de construire de 14,7 % en 2020. Les prévisions pour 2021 ne seraient guère plus encourageantes avec une baisse de 9,1 % et déjà une annulation de projets de chantiers qui se sont déjà manifestés pour plusieurs entrepreneurs. Pour limiter les dégâts et booster la construction, la FFBTP a proposé, comme solution d’urgence, la simplification des procédures d’autorisation de chantier.
Si 10 000 emplois ont été supprimés avant 2021, certains craignent que la lenteur de la reprise n’entraine la perte de50 000 emplois dans ce secteur en 2021.
A cela s’ajoute le problème des crédits auxquels les particuliers ont moins facilement accès.
Même si le Gouvernement a avancé 6,7 milliards d’euros pour le programme de rénovation énergétique, la profession pense que cela est bien insuffisant. Et si la rénovation s’en sort plutôt assez bien, les travaux de construction subissent de plein fouet le contrecoup de la crise sanitaire.