L’activité du BTP, son effervescence actuelle et ses prévisions d’avenir
Se sentir bien chez soi résonne de plus en plus comme un impératif depuis que la crise sanitaire a multiplié les obligations de confinement et bouleversé les modes de travail, tournés vers le distanciel. Pour les concernés, faire des travaux de rénovation de son bien immobilier, voire carrément en changer, est devenu une priorité absolue qui explique que certains secteurs du BTP ne connaissent pas la crise, bien au contraire ils font partie des plus dynamiques de l’économie.
Les commandes affluent pour les professionnels du secteur, les calendriers semblent bien remplis jusqu’en 2023. Pour comprendre les causes de cette explosion de l’activité du secteur, nous vous proposons la lecture de l’article suivant.
Un secteur qui tient tête aux difficultés
Il est primordial de rappeler en première instance que la crise sanitaire et économique n’est pas sans effets sur le secteur: elle est à l’origine de grandes disparités. C’est en effet assez durement que la crise frappe le monde des Très Petites Entreprises (TPE), un type d’entreprises avec moins de vingt salariés, qui étaient toujours plus nombreuses en région parisienne.
Avec le projet du Grand Paris, les Très Petites et Moyenne Entreprises fleurissaient, la plupart d’entre elles ne compteraient d’ailleurs aucun salarié selon la Chambre de commerce et d’Industrie d’Ile-de-France. Avec la situation, leur poursuite d’activité est précaire et semble compromise.
Si les grands groupes du bâtiment semblent en situation prospère, l’importance des Très Petites Entreprises n’est pas à minorer. En effet le secteur de la construction compte plus de quatre cent mille emplois en région parisienne, soit trois quart de salariés et le reste d’indépendants, dont la moitié est répartie parmi la myriade des Très Petites Entreprises. Leur rôle économique dans le BTP n’est donc plus à prouver et beaucoup d’entre elles font face à des difficultés.
La dynamique de création d’emplois au sein de ces Très Petites Entreprises va déjà sûrement être rompue, elle qui affichait des scores impressionnants. En dix ans la filière a en effet enregistré 25.6% d’embauche supplémentaire sur la région Parisienne, une belle statistique qui va résolument déchanter. Par ailleurs, cette statistique ne s’appliquait pas en province, où la tendance était à la baisse sur la même période, un phénomène que la crise risque d’accentuer.
Malgré ces points d’ombre, 74% des chefs d’entreprises franciliens du BTP jugeaient leur taux d’activité satisfaisant voire très satisfaisant au début 2021, selon un sondage de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Ile-de France. Bien que toute activité a dû brutalement s’arrêter pendant les mois de mars et d’avril 2020, la reprise d’activité depuis lors s’est faite exponentiellement.
Deux raisons à cela : les aides étatiques et la hausse de la demande. Les mécanismes d’aides étatiques déjà, sont des soutiens cruciaux pour les petites structures du secteur tout particulièrement. Parmi ces aides, les plus consensuelles sont l’activité partielle, les Prêts Garantis par l’État (PGE) et les reports ou exonérations de charges. Le Plan de Relance pour le secteur fut en effet un rouage essentiel pour sa prospérité actuelle, il s’agissait de ne pas freiner un secteur poumon de l’économie. La bâtiment représentait en effet en février 2020 la moitié de l’industrie avec une production annuelle de 148 milliards d’euros, selon les chiffres de la Fédération Française du Bâtiment.
Un optimisme persistant
Malgré certaines situations compliquées, les entreprises du bâtiment restent celles qui affichent un des plus forts taux d’intention d’embauches. Ces dernières sont en fortes hausses par rapport aux chiffres de 2019 et affichent une augmentation de 21,7%, ce qui fait du bâtiment la filière avec la plus forte progression des intentions d’embauche.
La reprise sérieuse des embauches est prévue pour le deuxième semestre de 2021, l’activité des Travaux Publics et les projets des particuliers combinés permettant cette situation. Le BTP forme donc un socle de premier plan parmi les 2,7 millions de projets d’embauches que Pôle Emploi signale pour l’année 2021. Le premier trimestre affichait ainsi une hausse d’activité du bâtiment de 4,6% par rapport à l’année dernière sur la même période. Bien que sur douze mois l’activité reste impactée par la crise sanitaire et un effet de recul sur le rythme annuel, puisqu’en 2020 les chiffres d’affaires du bâtiment ont chuté de 9%, les performances à venir semblent rattraper ce retard.
Les artisans de cette réussite
Avec les situations récurrentes d’enfermement, le confort de la maison devient un impératif toujours plus pressant. La baisse des dépenses des ménages dans des domaines dont l’activité est en veille (comme la culture) les incite souvent à se consacrer à l’embellissement de leur maison ou de leur intérieur, un investissement qui paraît sûr. Cette tendance touche un certain paroxysme avec la construction pure et simple de son nouveau logement, un type de projet qui se démultiplie aussi. Les déménagements explosent, la tendance à la recherche de plus d’espace en dehors des métropoles s’est accélérée avec la crise. C’est ainsi que les carnets de commandes se remplissent de plus en plus pour les artisans.
Certains d’entre eux, indépendants, ont vu leur nombre de commandes doubler entre la situation avant la crise sanitaire et la situation présente. Cela en force plusieurs à recruter, des signes de bonne augure pour les mois à venir. La reprise de plus belle de ces chantiers a néanmoins provoqué des difficultés d’approvisionnement et d’obtention des ressources. En effet les opérations de rénovation sont très demandées auprès des artisans. Plus les ménages sont restés chez eux, plus la réflexion quant à un besoin de renouveau s’est imposée, une volonté d’un intérieur plus joli, plus confortable, une envie de nouveauté et de neuf.
À l’image de ces bons scores, certains baromètres sont utilisés pour quantifier ces bons résultats. On peut prendre l’exemple de la hausse grandiloquente de 6% du chiffre d’affaires du groupe de constructions et de concessions français Eiffage. Plus à raison, les demandes de travaux du groupe Saint-Gobain et de ses marques ont explosé depuis un an, une tendance qui ne s’essoufflera pas avant un long moment selon toutes les prévisions. Ainsi le groupe enregistrait un bond de 60% sur ses demandes de travaux au quatrième trimestre 2020.
Dans la droite lignée de ces résultats, le premier trimestre 2021 accumule les signaux positifs et les bonnes statistiques pour l’ensemble du secteur : la hausse du volume d’heures totales travaillées, le nombre de commandes, les effets du Plan de Relance… Cette tendance explosive est assez généralisée, elle ne concerne pas que la France, ce qui explique en partie la pression qui s’accumule sur certaines matières premières. Le bois, le cuivre, l’acier et même le PVC semblent dans le viseur, ce qui se traduit par une envolée des prix de 30 à 50% des ressources, ainsi que par des retards de livraisons des matériaux. C’est aussi le fruit d’une politique agressive de relance du bâtiment et dopée par des investissements étatiques massifs en Chine et aux États-Unis. On assiste à un véritable conflit des ressources qui pourrait bien porter préjudice aux entreprises et indépendants français.
La Fédération Française du Bâtiment demande en conséquence une intervention étatique pour limiter l’impact de la hausse des prix sur le marché. Ce nouvel enjeu ne saurait encore être tout à fait négatif pour les professionnels du bâtiment, mais un suivi sérieux de la situation s’impose dans les mois à venir. Certains groupes français ont d’ailleurs très bien su tirer leur épingle du jeu et profiter de cette tendance. Ainsi le géant de la distribution Saint Gobain s’est engouffré dans l’explosion de la demande des rénovations de logements et l’utilisation du bois, pour racheter l’enseigne Panofrance, spécialiste de bois et de panneaux de construction, une décision très récente.
Malgré ce contexte de pénurie de matériaux, la demande de rénovations ne faiblit pas, surtout dans les régions de Bretagne et de PACA, et elle est épaulée par une demande importante de logements neufs auprès des promoteurs. L’activité du premier trimestre 2021 reste donc très soutenue sur tous les plans : la construction neuve, la rénovation de l’ancien et la rénovation énergétique combinés font du BTP un secteur vigoureux.
Le besoin de plus d’espace après le confinement s’est fait ressentir par de nombreux ménages, très souvent des familles, et s’est traduit depuis lors par une explosion des demandes pour le secteur du BTP. Il s’agit dans de nombreux cas de projets de rénovation ou de chantiers beaucoup plus importants comme des constructions ou des expansions. La tendance des citadins à déménager dans des espaces plus grands en périphérie s’est également accélérée. Ces éléments sont aussi portés par la multiplication des aides de l’État au service des ménages dans le cadre des travaux de rénovation énergétique. Quoique instable et s’aventurant dans des extrêmes autant positifs que négatifs depuis un an, le secteur du bâtiment affiche une santé plus prospère que d’autres secteurs affectés par la crise.