Tout savoir sur la RE 2020
Si l’on connaît bien la RT 2012 (Réglementation Thermique) et ses applications dans le secteur du bâtiment, la RE 2020 (Réglementation Environnementale) ne vous dit peut-être rien. Pourtant, on commence à en parler et même si son application n’est prévue que pour juin 2021, cette réglementation est déjà à l’ordre du jour pour toutes les entreprises du bâtiment qui ont en prévision des chantiers de construction. Que prévoit la RE 2020 ? Quels seront ses avantages pour l’environnement ? Quel sera le planning de sa mise en application ? On vous dit tout.
La Réglementation Environnementale – RE 2020 – en bref
Grands principes de la RE 2020
- Réduction de l’impact carbone sur l’environnement : cette donnée est obligatoirement prise en compte sur la totalité du cycle de vie des nouveaux bâtiments, ce qui implique de tenir compte aussi des périodes de démolition autant que de la construction pour limiter cet impact carbone.
- Nouvelle méthodologie et choix de modes de construction « propres » (exemple : bois et biosourcés en remplacement des systèmes de construction à impact carbone, abandon du chauffage gaz, etc.) ;
- Première mise en application de la RE 2020 en juin 2021 pour les logements - maisons individuelles ainsi que les logements collectifs – les bureaux et l’enseignement ;
- La mise en application globale de la RE 2020 sera étalée entre l’été 2021 et 2030 ;
- Les concepteurs travaillant au sein de Bureaux d’Etudes bénéficient de 3 mois au 2ème trimestre de 2021 pour s’approprier les tenants et aboutissants de cette nouvelle réglementation et l’appliquer lors de la conception de leurs bâtiments et ce, avant les dépôts de permis de construire prévus pour l’été.
- Pour ce qui est des bâtiments tertiaires, ils feront l’objet d’un volet ultérieur de la RE 2020 et il est prévu pour eux un décalage d’environ un an (exemple : bâtiments de l’hôtellerie, commerces, gares, locaux d’entreposage et de stockage, etc.). Dans l’intervalle, ils restent soumis à la RT 2012.
- RE 2020 présentée à la presse dans ses grandes lignes le 24 novembre 2020 par les Ministres de la Transition écologique (Mme Barbara Pompili) et du Logement (Mme Emmanuelle Wargon).
- Un plafond maximal d’émissions de gaz à effet de serre (GES) sera fixé à
4 kgCO2eq/m².an dès l’entrée en vigueur de la RE2020 pour toutes les maisons individuelles ; - Un plafond maximal d’émissions de gaz à effet de serre (GES) est fixé, pour les bâtiments collectifs à 14 kgCO2eq/m².an dès l’entrée en vigueur de la RE2020, puis sera ramené à 6 kgCO2eq/m².an en 2024.
- Un label d’Etat devrait être mis en place pour l’automne 2021 avec des avantages fiscaux notamment pour les entreprises qui, tout au long de la construction, feront mieux que la RE 2020 (label en cours d’étude dans le cadre du Plan Bâtiment Durable).
Le communiqué de presse souligne par ailleurs que l’étalement de la mise en application sur la durée « donnera à tous les acteurs de la filière de la construction un temps d’appropriation avant l’entrée en vigueur » de la RE 2020.
Les avantages sur l’environnement
Depuis plusieurs années, le changement climatique témoigne de l’impact de notre consommation sur la planète. Tout ce qui vise à réduire notre empreinte carbone est à favoriser dans tous les domaines.
Le milieu de la construction doit revoir ses modes de construction et les particuliers doivent participer à l’effort en choisissant plutôt des énergies propres au lieu des énergies fossiles trop polluantes. Le chauffage devra utiliser des techniques à l’empreinte carbone plus faible. Le Gouvernement avait déjà permis d’aider les ménages ayant encore des vieilles chaudières à fioul à opter pour des moyens de chauffage moins polluants. La mise en place d’aides financières pour faciliter le passage vers des énergies et équipements permettant l’amélioration de la performance thermique (Crédit d’impôt, TVA réduite, aides de l’Anah, Eco-Prêt à taux zéro, primes énergie, etc.) étaient un premier pas vers une amélioration générale et la disparation progressive des passoires thermiques.
Avec la RE 2020, une nouvelle étape verra le jour et concernera bientôt toutes les constructions neuves. Il y a urgence pour maintenir la planète en bon état et éviter le réchauffement climatique et préserver la biodiversité, d’opter pour de nouveaux réflexes plus responsables, en particulier au sein même de notre habitat qu’il soit privé ou collectif.
Les changements importants dans la construction entraînés par la RE 2020
Pour répondre aux exigences de la RE 2020 dont la ligne maîtresse est de réduire l’impact carbone sur l’environnement, certains matériaux, certaines énergies, certaines techniques de construction vont être abandonnées au profit de nouveaux, moins polluants. Cela va concerner par exemple :
Le gaz
Il sera obligatoirement abandonné dans les constructions neuves (y compris le gaz vert, comme le biométhane).
Encore sur la table du gouvernement, le projet Méthaneuf du GrDF met en avant un système de compensation des émissions de gaz à effet de serre. Mais, les résultats semblent peu encourageant à priori et les Ministres ne semblent pour l’instant pas favorables à la mise en place de ce projet. Ils envisagent plutôt d’étendre l’abandon total du gaz dans toutes les constructions neuves entre 2021 (maisons individuelles) et 2024 pour toutes les constructions.
Pour que les maisons individuelles puissent répondre au plafond maximal de GES de 4KgCO2eq/m².an il faudra remplacer le gaz par des modes de chauffage de type granulés bois.
Le bois utilisé pour remplacer le gaz devra toutefois répondre aux exigences des Directives Européennes notamment la directive n°2015/2193 et la directive ErP (ou ecoDesign) traitant de la qualité des produits et installations de combustion de moyenne puissance.
Outre le bois, pour remplacer le gaz, il existe d’autres solutions à adapter :
- Solaire thermique,
- Pompes à chaleur,
- Solutions de chauffage hybrides ;
Ciment, brique, béton
L’évolution dans le choix des matériaux de construction s’est déjà amorcée au cours des dix dernières années et l’on a vu l’abandon pour la construction des maisons individuelles de matériaux tels que la brique, le béton banché ou le parpaing avec un engouement progressif pour les maisons à ossature bois (10 % des maisons neuves en France aujourd’hui).
Certaines initiatives seront attendues de l’Etat pour améliorer l’innovation et la production de bois de construction à l’échelle nationale sans souffrir d’une augmentation trop brutale des coûts. Si l’évolution pourrait être assez rapide pour les constructions neuves de maisons individuelles, elle sera plus lente et progressive dans le domaine des logements collectifs ainsi que du tertiaire.
Toutefois, si le bois est favorisé, il n’est pas prévu d’écarter complètement ces matériaux « indésirables » car le béton bas carbone ne sera pas écarté mais on attendra des cimentiers qu’ils fassent certains progrès.
La prise en compte du Bbio
Le Bbio qui désigne le besoin d’énergie indépendant des systèmes de chauffage (y compris la production d’eau chaude sanitaire) devra être revu à la baisse à hauteur de 30 % en moins par rapport à aujourd’hui.
Pour moins consommer en chauffage, il faut d’abord repenser toute l’isolation, mais aussi, lors de la construction d’un bâtiment l’orienter judicieusement et prévoir une enveloppe de la structure pour minimiser les besoins de chaleur en hiver, mais aussi de rafraichissement en été. Cela passe par des travaux adaptés lors de la construction de la maison ou du bâtiment (isolation, suppression des ponts thermiques, bon contrôle solaire de tous les vitrages, etc.).
En outre, pour maîtriser le confort en été, un calcul Bbio a été fait avec des conditions proches de la canicule de 2003. En effet, il faut tenir compte des prévisions faites par les scientifiques qui prévoient une augmentation globale des températures en raison du réchauffement climatique, ce qui devrait entrainer des besoins plus importants en rafraichissement. L’indicateur de confort en été sera exprimé en DH (Degrés Heures) sur lequel devront s’appuyer les concepteurs de nouveaux bâtiments et prévoir dans certains cas (au-delà du seuil de 350 DH) plus de ventilations avec puits canadiens. En utilisant de telles solutions de rafraichissement (solutions passives), on limite la consommation voire la surconsommation de climatisation (solution active).
Avantage aux matériaux biosourcés avec la RE 2020
Tous les matériaux biosourcés sont mis en avant : que ce soit l’ossature bois, le bardage, le lambris ou encore le parquet, ou les matériaux isolants biosourcés comme la fibre de bois, le chanvre, le liège ou la cellulose… ces matériaux seront pris en compte pour le calcul de l’ACV (Calcul du Cycle de Vie). En revanche, comme on l’a déjà souligné plus haut, le béton et l’acier ne sont pas favorisés par la RE 2020 : toutefois une petite marge de manœuvre est prévue pour que la filière construction puisse s’adapter sur un temps plus long à ces nouvelles mesures et pouvoir mettre en œuvre progressivement ces nouveaux types de chantier qui devront favoriser des matériaux issus de la biomasse.
L’usage du bois et des matériaux biosourcés sera donc à l’horizon 2030 quasi-systématique en ce qui concerne les constructions neuves de maisons individuelles et de petits collectifs.
Les éléments de calcul pour la RE 2020
Les éléments de calcul vont évoluer. Par exemple, les foyers qui utilisent des panneaux solaires sont favorisés. En effet, l’électricité photovoltaïque produite sur place et autoconsommée sera comptabilisée dans la Règlementation Environnementale 2020. Cependant, la partie qui est exportée, n’est pas comptée. Dans la construction neuve, cette donnée sera prise en compte et va booster sans aucun doute le stockage d’électricité.
Pour ceux qui utilisent des sources de chauffage qui ne viennent pas d’énergie renouvelable, un plafond de consommation sera introduit par la RE 2020, ceci afin d’éviter le retour à une surconsommation du chauffage électrique.
La mise en application de la RE 2020 qui commencera à l’été 2021 sera progressive et évolutive et n’exclue pas la révision des indicateurs DH à la fin de la première période aux environs de 2024. Le Gouvernement a précisé qu’il faudrait prévoir un surcoût de construction de l’ordre de 10 % pour répondre aux critères de la RE 2020, version 2030, un estimatif qu’il compare à la RT 2012 actuellement en vigueur. Pour autant, la conception et la mise en œuvre de ces nouveaux logements passifs devrait induire un meilleur confort de vie, moins de consommation d’énergie et une réduction significative de l’empreinte carbone.